"Paper Planes" veut faire décoller l'anglais
Do you speak français ? Alors vous pouvez lire in english. « Paper Planes », nouvelle collection des éditions Didier, veut faire voyager les francophones dans des territoires anglo-saxons accueillants. Ecrits par des auteurs contemporains, ces ouvrages, en librairie demain, font vœu d'accessibilité grâce à une créativité sous contrainte. Principes : privilégier les 65 % du vocabulaire anglais ayant des racines latines ou françaises, bannir les expressions tellement tendance que leur durée est à peu près celle des collants fluo, adopter la forme de la « novella », intermédiaire entre le roman et la nouvelle, avec des chapitres courts et rythmés.
« Irritated » plus que « fed up »
A l'origine de
la collection, un écrivain anglais installé à Paris, Rupert Morgan, qui
signe ici Le Consultant, ouvrage tordant sur un raout de cadres virant
au « Koh-Lanta » sans pitié. « Mes amis français trouvaient mes livres
trop complexes, détaille-t-il, Je voulais des textes qu'ils puissent
aborder facilement, sans buter. Les auteurs anglo-saxons restent trop
dans leur univers, ignorant les dizaines de millions de personnes qui
pratiquent l'anglais en deuxième langue. » Il se souvient alors de ses
études de latin, du fait que Guillaume le Normand imposa le français en
Angleterre… « L'anglais est une langue métisse ! C'est simple, au lieu
d'écrire “I was fed up”, je vais préférer “I was irritated”. Autre
exemple, “He was drown by the brightness of her gaze” est beaucoup moins
facile pour un Français que “He was attracted by the luminosity of her
eyes”. »
Mais n'est-ce pas un peu artificiel ? Curtis Bartosik, directeur de Seneca Communications, enseigne l'anglais. Après lecture, lui estime que les textes sont « à 95 % naturel. Il y a un bon équilibre entre idiomes, mots courants et vocabulaire d'origine latine, un peu plus précieux. Je le recommanderais à ceux qui veulent améliorer leur anglais ! »
Du polar à la satire, la collection entend explorer tous les genres. « Avec les racines latines, on peut aussi toucher l'Espagne, l'Italie, souligne Isabelle Louviot, directrice générale des éditions Didier. « Paper Planes » répond à une demande de plus en plus forte de livres monolingues et valorise l'anglais plaisir. » Et ça, c'est totally cool.
Article publié dans le 20 Minutes du mardi 22 juin 2010 par Anne Kerloc'h